La baisse du taux directeur de la BCE et la dégradation de la note de la France
Jeudi 7 novembre la Banque Centrale Européenne annonce qu’elle baisse son principal taux directeur. De 0,50%, le taux de refinancement descend à 0,25%, son plus bas niveau historique. La mesure est nécessaire pour contrecarrer la tendance déflationniste qui sévit depuis 2 ans, elle a pour but de ramener l’inflation autour du seuil de 2%. Cette décision intervient au moment même où l’agence de notation Standard & Poor’s réduit d’un cran la note de la France. Quelle incidence sur les crédits immobiliers auront ces deux évènements ?
Pas d’incidence sur les taux fixes
Le taux directeur est l’outil principal de la BCE pour soutenir l’économie de la zone euro. Il s’agit du taux auquel elle prête aux banques ; plus il est faible, plus les banques vont prêter à leurs clients et favoriser ainsi la production de crédit. Ce taux sert aussi de référence aux autres taux courts du marché. L’Eonia qui est le taux auquel les banques se prêtent entre elles est indexé sur le taux directeur de la BCE. En ce qui concerne les crédits immobiliers, seuls les taux variables sont influencés par le niveau du taux directeur, car ils dépendent de la valeur des taux courts. En revanche, les taux fixes ne sont pas impactés par un quelconque changement du taux directeur de la BCE. Ils sont en fait alignés sur le coût de l’argent à long terme, à savoir sur l’OAT 10 ans principalement.
L’OAT 10 ans et les taux fixes
Le niveau de l’OAT 10 ans détermine celui des taux fixes des crédits accordés aux particuliers. Relativement faible depuis près d’un an, l’OAT 10 ans permet aux taux immobiliers d’afficher des performances historiquement basses. Grâce à ses variations, on peut estimer les ajustements à venir sur les taux fixes. L’OAT 10 ans est une obligation que l’Etat français émet pour emprunter sur les marchés financiers. Elle symbolise la confiance des investisseurs ou plus justement son évolution dépend du moral des investisseurs : un taux faible marque la signature d’un pays sans risque, et inversement un taux élevé signifie l’inquiétude des marché financiers.
La confiance des marchés financiers
En abaissant la note de la France de AA+ à AA, l’agence de notation Standard & Poor’s réveille cette inquiétude à propos de la France. Le risque est donc de voir l’OAT 10 ans réagir à la hausse et perturber le niveau des taux d’intérêt des crédits immobiliers. Or, rappelons-nous, la perte du triple A par la même agence début 2012, suivie dans la foulée par d’autres agences, n’avait eu aucun impact sur le niveau de l’OAT 10 ans ; la France avait continué à se financer moins cher malgré cette dégradation. L’emprunt d’Etat sur 10 ans a même atteint son plus bas niveau historique en juin dernier (autour de 1,80%). Avec l’Allemagne et la Grand-Bretagne, la France bénéficie de l’un des taux les plus faibles. Si la politique du gouvernement Hollande est sanctionnée par cette réduction de la note, l’économie française inspire toujours confiance. Vendredi 8 novembre, l’OAT 10 ans restait stable à 2,178%, preuve que les marchés financiers avaient anticipé la dégradation française.